La campagne de France et de Belgique
 
 

L'EVACUATION VERS L'ANGLETERRE
L'OPERATION DYNAMO

DUNKERQUE (version 1)

L'objectif de la Royal Navy, aidée de la marine française, était d'évacuer le corps expéditionnaire Britannique et les divisions Françaises encerclées dans Dunkerque par l'armée Allemande. D'un côté se trouvait lord GORTt, commandant la BEF (British Expeditionary Force), le vice-amiral RAMSAY, commandant en chef à Douvres, l'amiral ABRIAL, commandant les forces Françaises réfugiées à Dunkerque, et de l'autre les généraux Von RUNDQTEDT et Von BOCK, commandant les groupes d'armées A et B de la Wehrmacht, ainsi que le général KUCHLERr, commandant la XVIIIème armée. 9 divisions de la BEF, et 5 divisions Françaises, soit 240000 Britanniques et 140000 Français étaient encerclés à Dunkerque. Les Allemands disposaient de la XVIIIème armée Allemande, soit 210000 hommes, appuyés par les Panzerdivisions.

Le 23 mai 1940, les divisions Allemandes achevèrent leur mouvement d'enveloppement dans le nord de la France. Le 24 mai, pendant que la 1ère Panzer de GUDERIAN commençait à franchir l'Aa à Gravelines, à 17 kilomètres de Dunkerque, HITLER ordonna à GUDERIAN de stopper sa progression. Ce fut la Lutwaffe et l'infanterie du groupe d'armées B de Von BOCK qui furent chargés de prendre la ville.

Le lendemain, le commandant du corps expéditionnaire Britannique, lord GORT, refusa d'envoyer à WEYGAND les deux divisions que celui-ci voulait utiliser pour mener une contre-offensive, et décida de faire ouvrir un couloir en direction de Dunkerque, pour que la British Expeditionnary Force puisse s'y replier, puis y être ensuite évacuée par la Royal Navy. Le 26 mai, HITLER, prenant conscience qu'il avait commis une erreur autorisa les blindés de Von RUNDSTEDT à reprendre l'offensive. A ce moment-là, 5 divisions Britanniques étaient en position autour de Dunkerque, dans un secteur large d'une vingtaine de kilomètres, allant de Gravelines à Nieuport, et s'avançant de 70 kilomètres à l'intérieur des terres, jusqu'à Merville et Ypres. La 2ème et la 5ème tenaient une brèche entre Comines et Ypres par laquelle purent passer 4 autres divisions de la BEF.Cependant la 1ère armée Française, informée trop tard du repli anglais n'eut le temps d'évacuer que 5 divisions, les 7 autres défendaient Lille.

Le 27 mai, la Lutwaffe commença à pilonner le port et la ville sans interruption de 7 heures du matin à 7 heures du soir. Les Alliés mirent en place un périmètre défensif autour de la ville, qui suivait le canal de Colme de Nieuport à Bergues, puis qui obliquait à angle droit vers Mardyck et la côte. Lord GORT et les Britanniques se postèrent à l'est (Bray-Dunes et La Panne), tandis que l'amiral ABRIAL et les Français se mirent en position à l'ouest (Saint-Pol-sur-Mer et Malo-les-Bains).

Le 28 mai, l'armée Belge capitula sur ordre de son roi. Cela laissa le flanc gauche de la BEF à découvert. La 7ème Panzer de ROMMEL et l'infanterie de Von BOCK firent leur jonction au sud de la ligne Merville-Comines, ce qui isola dans Lille les 7 divisions Françaises. Elles capitulèrent le 1er juin avec les honneurs de la guerre.

Le 27, le haut-commandement Allemand chargea le général KUCHLER (XVIIIème armée) de s'emparer de la poche de Dunkerque. Les défenseurs du couloir se replièrent alors progressivement, d'abord sur la ligne Cassel-Poperinge, puis sur l'Yser, et enfin sur les canaux du périmètre de défense. Dans la soirée, 400000 hommes, c'est-à-dire la quasi-totalité de la BEF et 1/3 de l'armée Française attendaient le long du front de mer d'être embarqués. L'évacuation des forces Alliées avait pour code opération Dynamo. Elle avait été envisagée par l'Amirauté Britannique dès le 19 mai 1940, et la Marine Française l'avait accepté quelques jours plus tard.

L'évacuation commença le 26 mai. Les premiers évacués furent les blessés et le personnel non combattant. Cette évacuation était dirigée depuis Douvres par le vice-amiral RAMSAY, commandant de la place. L'amiral ABRIAL, qui commandait l'ensemble des troupes Françaises, et le contre-amiral PLATON, qui avait été nommé gouverneur le 19, dirigeaient les manoeuvres depuis Dunkerque.

La Royal Navy disposait de 41 destroyers. RAMSAY rassembla alors à Douvres, une flotte de 800 navires, des péniches, des cargos, des ferries, des remorqueurs, des chalutiers, des caboteurs,... tandis que la Marine Française mobilisait 350 bâtiments de guerre, de pêche ou de commerce. Le seul accès à la mer était la jetée Est (la plupart des installations portuaires ayant été détruites par la Lutwaffe), qui était un ponton étroit qui s'avançait de un kilomètre dans la rade. Mais elle dut être abandonnée au bout de quelques jours, car les bombardements et les mitraillages de Stukas faisaient trop de victimes. On prit donc des barques de pêche, des yachts, de vedettes, des bateaux à aubes, qui venaient chercher les soldats sur la plage et qui les amenaient aux bateaux qui les attendaient au large. Les opérations se firent ensuite la nuit. On changea d'itinéraire, car le plus court, la route Z, mettait les convois sous le feu des batteries Allemandes de Calais. On choisit donc un étroit chenal, la route X, dans lequel se trouvait les mines flottantes Allemandes. Le pont maritime établi entre Dunkerque et Douvres (également Le Havre et Cherbourg) ne cessa jamais de fonctionner, et cela malgré les pertes importantes (250 navires coulés).

Le 31 mai, les Britanniques perdirent Nieuport et une dizaine de kilomètres de côtes, et furent obligées de se replier sur la frontière. Le 1er juin, les Français furent enfoncés à Bergues. La nuit suivante, les 3 divisions de la BEF quittèrent Dunkerque. Le 3 juin, le général KUCHLER mena une vaste offensive qui obligea les derniers défenseurs Français à reculer jusqu'à l'entrée de la ville, c'est-à-dire à moins de 3 kilomètres de la jetée Est. C'est dans la nuit du 3 au 4 juin 1940, que devaient être embarqués les 30000 hommes de l'arrière-garde Française (selon un accord passé entre Londres et Paris). Lorsque les navires Britanniques apparurent, un mouvement de panique se déclencha et des milliers de soldats se précipitèrent sur les plages pour embarquer. A 3h40 du matin, le dernier navire de la Royal Navy : le destroyer Shikari, appareilla. 40000 soldats restèrent sur les plages. Ils furent capturés à l'aube du 4 juin 1940.

En moins de 10 jours, 338000 soldats Alliés avaient été ramenés à Douvres et 4000 à Cherbourg et au Havre (dont 48000 sauvés par la Marine Française. La BEF avait abandonné sur les plages de Flandre 2500 canons, 85000 véhicules, et plus d'un demi-million de tonnes de munitions et d'équipements. Les Britanniques dénombrèrent 68000 tués ou prisonniers depuis le 10 mai, et seulement à Dunkerque, 40000 soldats Français avaient été capturés. Les Allemands comptaient 156000 tués et blessés depuis le 10 mai 1940.

DUNKERQUE (version 2)

La bataille de Dunkerque (nom de code Opération Dynamo) s'est déroulée du 25 mai au 3 juin 1940.

Bousculée par la Blitzkrieg (mot allemand signifiant guerre-éclair a été mise au point par le général allemand Heinz GUDERIAN durant la fin des années 1930. Il s'agit de l'utilisation coordonnée des blindés et des avions qui agissent conjointement en ordre groupé pour percer les lignes ennemies en un point de rupture) engagée par l'armée allemande lors de la bataille de France, l'armée britannique ainsi que des unités de l'armée française ont dû battre en retraite vers le nord de la France.

Encerclées à Dunkerque, elles ont mené une résistance destinée à gagner un laps de temps nécessaire à l'embarquement du gros des troupes vers le Royaume-Uni. Celui-ci s'est opéré à l'aide de tous les navires que la Royal Navy put réquisitionner pour traverser la Manche, tandis que la RAF (Royal Air Force) luttait dans le ciel pour couvrir l'opération. Les troupes et le matériel n'ayant pas pu être embarqués ont été capturés par la Wehrmacht, mais la réussite du sauvetage du gros des troupes a peut-être sauvé le Royaume-Uni d'une invasion face à laquelle il aurait difficilement résisté.

Prises en étau par les troupes allemandes, et sous le feu de leurs avions et de leur artillerie, les forces alliées embarquent à Dunkerque pour rejoindre l'Angleterre.

Le 20 mai, la situation est désespérée ; deux divisions de panzers commandées par Heinz GUDERIAN atteignent Abbeville et la mer. La Wehrmacht parvient ainsi à couper les armées alliées en deux avec entre les mâchoires de la tenaille, un million de soldats français, belges et britanniques pris au piège.

Les chars allemands poursuivent leur progression. Le 24 mai, les avant-gardes de GUDERIAN établissent six têtes de pont sur l'Aa et atteignent Bourbourg ; elles ont pratiquement le champ libre lorsqu'un ordre impératif du général von RUNDSTEDT, confirmé par HITLER, obnubilé par la prise de Paris, les stoppera net jusqu'au matin du 27. Les Alliés profiteront de l'aubaine. Ils se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un corridor s'étendant de la région lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur.

Pour se dégager, le général français WEYGAND mise sur une traditionnelle contre-attaque. Le chef du corps expéditionnaire britannique, le général GORT, ne partage pas cette option. À moyen terme, l'évacuation lui semble inévitable. Le cabinet de guerre britannique lui donnera raison. Le 26 mai, la décision tombe : "En de telles conditions, une seule issue vous reste : vous frayer un chemin vers l'ouest, où toutes les plages et les ports situés à l'est de Gravelines seront utilisés pour l'embarquement. La marine vous fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force vous apportera un soutien total…". Le 28 mai à quatre heures du matin, le roi Léopold III, chef de l'armée belge capitule, après la bataille de la Lys, décision violemment contestée en France et en Angleterre et par son propre gouvernement, mais aussi par son conseiller militaire et plusieurs historiens, notamment le Professeur Henri BERNARD de l'École Royale Militaire belge, qui estime que l'armée belge (600000 hommes) même fort entamée de fin mai, aurait dû mieux coordonner ses mouvements avec les Français et les Britanniques.

Le vice-amiral Bertram RAMSAY, chef de l'opération installe son quartier général dans une cave du château de Douvres, où avait fonctionné, jadis, un groupe électrogène. L'entreprise est baptisée Opération Dynamo. Elle durera neuf jours pleins : du mardi 26 mai au jeudi 4 juin.

Le 29 mai, le corridor s'est rétréci comme une peau de chagrin : il ne va plus maintenant que, côté mer, des environs de Dunkerque au petit port belge de Nieuport, aux canaux de Bergues à Furnes et de Furnes à Nieuport, côté terre.

Le 4 juin 1940, l'opération Dynamo est achevée ; le drapeau à croix gammée flotte sur le beffroi de Dunkerque. En neuf jours, 338226 combattants seront évacués, dans des conditions inouïes.

Rassembler en aussi peu de temps une petite armada n'est pas chose aisée. Qu'à cela ne tienne, la Royal Navy détache immédiatement 39 destroyers, des dragueurs de mines et quelques autres bâtiments. Mais c'est insuffisant, car la faible déclivité des plages oblige les navires de fort tonnage à mouiller au large. Il faut dès lors mobiliser des ferries, des chalutiers, des remorqueurs, des péniches, des yachts et d'autres embarcations encore plus modestes, les désormais célèbres little ships. Il en vient 370 équipés tout au plus de deux mitrailleuses.

Il faut ensuite organiser cette noria. Entre Dunkerque et Douvres, la route la plus directe est la route Z, longue de 60 km, mais elle est à portée des canons allemands à la hauteur de Calais. La route Y évite cet inconvénient à ceci près qu'elle met Dunkerque à 130 km de Douvres ; qui plus est, elle constitue un terrain de chasse pour les vedettes lance-torpilles de la Kriegsmarine. La voie la plus praticable est la route X, longue de 80 km ; elle ne sera toutefois déminée que le 29 mai.

Malgré la vigilance de la RAF, le principal danger vient des airs. Le 29 mai par exemple, 400 bombardiers, protégés par 180 Messerschmitt, ont méthodiquement pilonné Dunkerque, mitraillant les plages sans omettre de bombarder les bâtiments croisant au large. Ce jour-là, le bilan des pertes est tellement lourd que l'Amirauté décide d'arrêter l'opération : au total, près de 250 embarcations sont envoyées par le fond ; des vedettes lance-torpilles ont raison de deux torpilleurs français modernes, le Jaguar et le Sirocco. Heureusement que le plafond des nuages, souvent très bas, et les fumées des incendies gênent la Luftwaffe, laquelle ne peut sortir ses escadrilles que les 27, 29 mai et 1er juin.

Les opérations de rembarquement sont incommodes. Il y a trop d'hommes et pas assez de bateaux. Pour s'échapper, il faut soit être accepté à bord d'un navire accostant au môle est du port (l'actuelle jetée s'avance en effet de 1 500 mètres dans la mer), soit rejoindre la plage et avancer en file indienne jusqu'à une embarcation légère qui fait le va-et-vient entre le rivage et le bâtiment au large. La machine s'est rodée ; le premier jour, 7669 hommes ont pu rejoindre un port allié, 17804 le second, 47310 le troisième, 53823 le quatrième.

Le 4 juin à 3 h 20, le Shikari, chargé à ras bord de soldats, quitte le môle pour sa dernière rotation. À 10 h, l'armée allemande investit Dunkerque.

En neuf jours, 338226 combattants (dont 123095 Français) ont pu être évacués sur une mer d'huile ; la Wehrmacht capture quelque 35000 soldats ; la quasi-totalité sont des Français dont la plupart avaient participé aux combats d'arrière-garde.


Du 25 mai au 3 juin 1940 à Dunkerque
Belligérants
Royaume-Uni
France
Belgique
Allemagne
Commandants
Général WEYGAND
Lord GORT
Gerd von RUNDDSTEDT
Ewald von KLEIST
Forces en présence
400000 hommes
800000 hommes
Pertes
11000 morts
34000 prisonniers
177 avions abattus
20000 morts ou blessés
156 avions abattus